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Photo du rédacteurLes Cloches Rhodaniennes-Lyonnaises

SAINT-MARCEL-L'ÉCLAIRÉ - ÉGLISE SAINT-MARCEL

Saint-Marcel-l'Éclairé, petite commune du département du Rhône de 538 habitants (INSEE, 2018), située dans les Monts de Tarare à 600m d'altitude. Le village, construit à flanc de colline bénéficie d'un cadre de vie verdoyant entre prairies et forêts (plus de 300 ha de bois). Le ruisseau du Bousuivre traverse la commune de part en part et alimente notamment le plan d'eau communal où les Saint-Marcelloises et les Saint-Marcellois peuvent venir flâner, se ressourcer, etc... La commune est labellisée "village fleuri" avec une fleur au compteur. Le village est mentionné au Xème siècle, dès 930 et 979 après J.C. dans le cartulaire de l'abbaye de Savigny, l'une des trois abbayes du Lyonnais avec Ainay et l'Ile-Barbe. Cette ancienne abbaye occupait une place stratégique en limite des territoires du Beaujolais, du Forez et enfin, du Lyonnais, malheureusement, elle fut détruite à la Révolution française de 1789... Il en reste aujourd'hui quelques vestiges.


Pour en revenir à l'histoire de la commune, à l'époque, nous ne parlions pas de Saint-Marcel-l'Eclairé, mais seulement de L'Eclairé. Au Xème siècle, on peut apprendre que la villa de l'Eclairé (Sclareias ou Esclareias) formait un domaine agricole assez important composé de plusieurs manses, c'est-à-dire de plusieurs unités familiales. Pour ce faire, chaque manse était composé d'une habitation ainsi que de dépendances. Avec ceci, il fallait avoir une quantité de terre suffisante pour que toute la famille puisse se nourrir. Nous avions donc plusieurs familles attachées dans ce bloc d'habitations. Cependant, ces documents ne nous permettent pas de comprendre vraiment l'organisation territoriale de cette population. Nous ne savons pas, par exemple si elle était réunie ou éparpillée pour les terres ou alors de même au niveau de l'habitat. Plusieurs hypothèses sont possibles. Par ailleurs, plusieurs seigneurs sont les donateurs des manses de la villa de l'Eclairé, on peut connaître leurs noms dans le cartulaire, mais leurs origines (des seigneurs) sont inconnues à ce jour : vers 930, Leodegarius, sa femme Ingelburgis et son fils Durantus ; en 979, Girardus et Ingelburgis, femme d'Arnulfus ; en 1030, Arulfus.


Un autre extrait du cartulaire de Savigny, daté de 1070 est toutefois intéressant, mais ne nous parle pas a proprement dit de la villa de l'Eclairé, il explique les relations compliquées entre les puissances laïques et les puissances monastiques. Ici, en l'occurrence, les puissances laïques sont les seigneurs du château de Lay, aujourd'hui dans le département de la Loire et les puissances monastiques, bien entendu, l'Abbaye de Savigny. Ce document ne traite pas uniquement le territoire de la villa mais, d'autres terres toutes proches comme Tarare et par conséquent d'un territoire plus vaste !



l'Eglise :

L'église Saint-Marcel de Saint-Marcel-l'Éclairé se situe au cœur du bourg, dans le village. Elle est constituée de trois nefs séparées par des piliers. À l'ouest de l'édifice, une petite tribune en bois occupe l'espace central. À l'Est, se développe un clocher dont la base est occupée par le chœur de l'église. La sacristie est accolée à celui-ci, elle se situe au nord de l'édifice. A part ceci, l'église possède quelques éléments intéressants comme le portail central ainsi que son auvent (la galonnière comme on l'appelle ici) semblent dater du XVème ou XVIème siècle. On retrouve également le chœur ainsi que la première travée (hors nefs latérales) qui sont plus anciennes que le reste de l'édifice (agrandis au XIXème). Ceci semble être de la même époque que le portail central !



(Eglise Saint-Marcel de Saint-Marcel-l'Eclairé, vue côté nord).



Histoire de l'église :

Pour commencer, il faut savoir que l'église, géographiquement, appartient ou dépend de l'archiprêtré de L'Arbresle. Or, elle n'apparaît pas dans les listes de possessions. D'autre part, la mention de l'église de Saint-Marcel-l'Éclairé n'apparaît pas dans les pouillés du diocèse de Lyon, dans la période du XIIIe siècle au XVIIe siècle. Elle apparaît seulement pour la première fois au XVIIIe siècle en tant qu'annexe de la paroisse de Tarare dans le pouillé général des paroisses composant l'ancien diocèse de Lyon.


Cette église appartient, en fait, aux possessions de l'ancien prieuré bénédictin de Tarare. L'apparition de ce prieuré dans le domaine de Tarare n'est pas connue par exactitude. Au Xe siècle, une villa existe sur ce lieu. Vers 954, Gauzerrannus donne à l'abbaye de Savigny, un manse et ses biens situés "in villa quae vocatur Taradra" (dans le domaine qui est appelé Taradra). En 1060, on connaît l'existence d'une église Saint-André à Tarare lors de l'excommunication d'Arnulfus Calvus. Ce dernier avait en effet tenté de s'approprier la dîme qui revenait de droit à l'église. Le prieuré sera constitué, vers la fin du XIe siècle, lorsque l'abbé de Savigny, Itier II de Talaru, donne les droits qu'il possède sur l'église Saint-André et les biens qui en dépendent.


Il faut également savoir que la date de création de cette église n'est pas connue. Elle est placée sous le patronage de Marcel. Dès le XIIIème siècle, on apprend par les chartes de l'abbaye de Savigny que Saint-Marcel-l'Éclairé est désignée comme église paroissiale dépendant de Tarare. En 1269, Guillaume et Jean de Tarare reconnaissent tenir en fief de l'abbaye de Savigny, tout ce qu'ils possèdent à Tarare, Saint-Marcel-sur-Tarare, Saint-Clément de Valsonne et Létra. En 1274, Guillaume de Malataverne, damoiseau, et Antoinette, sa femme, reconnaissent tenir en fief de l'abbaye de Savigny leur maison du Crozet et les droits qu'ils ont à Saint-Marcel. Plus tard, lors de la visite pastorale du 17 Juin 1614, on apprend qu'il y avait plus de 200 paroissiens pour le village de Saint-Marcel.


Au XIXème siècle, (vers 1803), nous apprenons par le conseil de fabrique qu'il y a nécessité de reconstruire un nouveau clocher. Pour cause, la menace d'écroulement et la vétusté de celui-ci, l'agrandissement de l'église y est aussi évoqué grâce à l'arrivée de nouveaux habitants. Ce sera seulement le clocher qui sera reconstruit, un emprunt de 2000 francs sera nécessaire pour la reconstruction.


(Clocher reconstruit vers 1803).


Quelques décennies plus tard et le sujet d'agrandissement de l'église revient à l'ordre. En effet, vers 1859, l'agrandissement commence, il sera construit des nefs latérales (bas-côtés) à l'emplacement de deux chapelles latérales qui seront conservées (en partie). La nef centrale sera dotée d'un nouveau "plafond" comme ils l'appellent et la tribune restera telle quelle. Le style qui sera choisi est le néo-roman. Les habitants seront, eux aussi, misent à contribution pour l'agrandissement de leur église. Ils devront "voiturer" les différents matériaux (la chaux, les tuiles et les dalles). Nous pourrions penser qu'il s'agit peut-être d'un impôt indirect pour l'époque mais le document ne nous le précise pas.


L'accès au clocher :

Pour pouvoir accéder au clocher, l'accès est assez simple. Pour commencer, cela démarre par une petite porte située en hauteur dans la sacristie ; de cette porte, nous avons un escalier en pierre qui nous amène dans les combles du bas-côté nord. Depuis les combles un escalier assez raide mais récent, nous amène dans la chambre de l'horloge mais aussi des cloches situées deux ou trois mètres au-dessus grâce à une ouverture où l'on distingue les abat-sons sur la partie haute juste en-dessous des deux baies côtes à côte, où se trouvent les cloches, tout cela sur la photo juste au-dessus. Aucune séparation n'est présente entre la chambre de l'horloge et des cloches puisqu'aucun plancher n'est installé sous les cloches, juste une planche par ici et par là…



Les Cloches :

Concernant les cloches de Saint-Marcel, nous ne possédons pas d'informations sur les cloches plus anciennes présentes dans le clocher.


Depuis 1869, trois cloches trouvent place dans le clocher, toutes fondues par le lyonnais Gédéon MOREL, connu et reconnu pour la qualité de ses décors sur les cloches qu'il a produit ! Elles sont équipées par des jougs en bois ainsi que des battants d'origine de la fonderie MOREL, les électrotinteurs et les moteurs sont de l'entreprise Bodet qui en assure l'entretien chaque année. Il faut noter que seulement la grosse cloche est signée du fondeur MOREL comme c'est souvent sa coutume dans ses ensembles campanaires. Comme à l'habitude, quand nous croisons des cloches de ce fondeur dans un clocher, nous avons droit à une décoration d'une grande finesse. En ce lieu, les décors végétaux sont très présents avec des frises en motifs de feuilles (palmettes et perles tombantes), de vignes. Sinon, on retrouve différents saints chrétiens ou alors la vierge à l'enfant entourée d'une couronne de lauriers en feuilles, comme c'est très courant sur les cloches MOREL.



​Cloche n°

​Nom(s)

​Fondeur(s)

Année

Diamètre (en centimètre)

Masse (en kilogramme)

​Note

​Inscriptions

1

​"Marie-Anne"

Gédéon MOREL (G. Morel, fondeur à Lyon)

​1869

​103, 5

​≃ 651

​Sol3

​LAUDATE DOMINUM IN CYMBALIS BENE NONANTIBUS LAUDATE CYMBALYS IUBILATIONI PS CL

Je m'appelle Marie-Anne

Parrain Mr Jean-Marie EUSEBE de COTTON

Marraine Mme Anne-Claudine de LIMAS son épouse

Curé de Saint-Marcel S. Tarare Mr DUPERRON MAITRE

Fabriciens Mrs MJ. DEBOURG P. FAURY PM. GIROUD JM. TRICAUD JM. COQUARD

MDCCCXIX

St MARCUS

MATER DEI St JOHANNES

St MARCEL PRIEZ POUR NOUS

St LUCAS EGO SUM PASTOR BONUS St MATTHAEUS NATIVITAS IHESUS XRISTIDN

2

​"Pierrette-Claudine"

​Gédéon MOREL (G. Morel, fondeur à Lyon)

​1869

​92

​≃ 464

​La3

​VESPERE ET MANE ET MERIDIE NARRABOET ANNUNTIABO ET EXAUDIET VOCEM MEAM PS LIV Je m'appelle Pierrette-Claudine Parrain Mr Petrus JANIN Marraine Mme Claudine POISSON (Xve ?) TRIOMPHE St Marcel MDCCCLXIX MATERDO OROS IHES VS XRTS USDIM MARIAD NASSUMPIA MARIA IMMACULATIS

3

​"Jeanne-Marie"

​Gédéon MOREL (G. Morel, fondeur à Lyon)

​1869

​82, 9

​≃ 319

Si♭3

​MAGNIFICAT ANIMA MEA DOMINUM LUCCDA Je m'appelle Jeanne-Marie Parrain Jean Marie BERTHIER Marraine Marie TERRAILLON Saint-Marcel MDCCCLXIX SANO FAMILIA MATER DIVINAE GRATINE (ANNUNIIATIODM ?) DOCENS

Description technique des cloches.

(Inscriptions tirées d'un ancien document, il se peut qu'il y ait plusieurs fautes dans les écritures en latin, notamment avec les mots entre parenthèses).


(De gauche à droite, cloche n°3 à cloche n°1).



Ancienne horloge du clocher :

Sous les cloches, dans une petite armoire, nous pouvons admirer l'ancien mouvement qui permettait de faire tourner, jadis, les aiguilles des cadrans du clocher. Il s'agit d'une horloge fabriquée dans les ateliers (Louis-Delphin ou Paul ?) ODOBEY à Morez dans le Jura (F-39). Malheureusement, ce mécanisme a été électrifié pour la remontée des poids, la sonnerie des heures. De ce fait, beaucoup de pièces (barillets, balancier, ancre, …) ont disparues…




Tableau de commandes des cloches :

Depuis plusieurs décennies, l'automate qui contrôle les cloches est une "BTE4" installée par l'entreprise campanaire BODET.



Nous adressons tous nos remerciements à :

  • M. Hervé DIGAS, maire de Saint-Marcel-l'Eclairé pour son aimable autorisation.

  • M. René NOYEL, sacristain, son accueil chaleureux, sa disponibilité, la visite (église / clocher) et les sonneries spéciales.

  • Mes chers collègues, Claude-Michaël MEVS (Quasimodo Sonneur de Cloches), Dominique FATTON (Valdom 68) et Paul-Elie ROSE (Les Cloches Iséroises), pour l'aide apportée à la réalisation de cette présentation vidéo.

Nos sources :

  • Wikipedia et GénéaWiki.

  • Livret sur l'église de Saint-Marcel.

  • Inventaires personnels.

  • Nos fonds personnels.

Les liens :


Commune de Saint-Marcel-l'Éclairé // Les Cloches Rhodaniennes-Lyonnaises, tous droits réservés.






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