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FRONTENAS - EGLISE SAINT-DUTRILLE





UNE SONNERIE À L'HISTOIRE PLEINEMENT VIVANTE !


LE VILLAGE :


Frontenas est une petite commune de 342 hectares située au cœur du Pays des Pierres

Dorées dans le département du Rhône. Composé de 873 habitants (INSEE 2023), elle est située

dans le Sud du Beaujolais donc dans une zone viticole d’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC).

Trois viticulteurs y cultivent environ 90 hectares.

On peut situer la naissance du village à la fin du Xème siècle, puisqu’un cartulaire daté de

1060 atteste d’une donation du seigneur d’Oingt à l’abbaye de Cluny d’une partie de l’église et

d’une pêcherie.

La commune s’étend sur un plateau à dominante argileuse, entre 260 et 430 mètres

d’altitude, au pied de petites collines où sont perchés ses proches voisins : Bagnols, Moiré et Theizé.

Voisins historiquement connus pour leurs carriers et tailleurs de pierres dorées, alors que Frontenas

était un pays de tuiliers et de potiers.

Ceci n’empêche pas le modeste village médiéval de se tourner vers l’avenir. Depuis 1976, il

accueille l’aérodrome de Villefranche-Tarare qui offre, aussi bien pour le loisir que pour des

formations de pilote, des planeurs, des ULM, des avions et des hélicoptères. C’est aussi un pôle

économique en plein développement d’entreprises en rapport avec l’aéronautique.

De manière paradoxale cette structure aéronautique a également le mérite de sanctuariser la

biodiversité existante puisque 70% des surfaces de l’aérodrome ne seront jamais ni construites ni

imperméabilisées, ni traitées. Sans compter la préservation de deux zones humides au Nord et au

Sud (à l’emplacement de l’ancienne pêcherie ci-dessus mentionnée). Un café-restaurant, « Le

bistrot d’hélice », vous y attend.

Encore un mot sur le lavoir, petit patrimoine, mais au cœur de la vie sociale du village. Erigé

en 1813, ce lavoir est alimenté par une source captée dans la maison d’en face. Cette source étant

réputée pour être intarissable, on lui a longtemps prêté des vertus miraculeuses, notamment celle

de guérir les animaux, confirmées par des documents qui mentionnent des « pèlerinages de

bovins » venant de l’Ain et de la Loire. Plus certainement elle a joué un rôle dans le choix de

l’implantation de l’église et de son prieuré, entraînant la fixation des habitants.

Au moment de la Révolution on appela ce lavoir le « Temple de la médisance », en réaction à une

inscription apposée par les révolutionnaires sur le tympan de l’église : « Temple de la Raison » !



 


L'ÉGLISE :


 Dès que nous nous approchons de l'église de Frontenas, nous remarquons d’emblée que celle-ci a été construite en plusieurs étapes. Il est difficile de les dater précisément. Nous pouvons tout de même faire des hypothèses grâce aux différents styles employés.

Pour commencer, sur la façade ; un portail roman, classé aux Monuments Historiques depuis 1926, avec ses pentures et surtout ses vantaux d’origine, surmonté par un tympan plein-ceintre austère, et entouré de deux colonnes de pierre blanche (réemploi probable) surmontées de chapiteaux non figuratifs. Ces portes, d'une grande valeur patrimoniale, sont datées du XIIe siècle, mais le bâtiment lui-même est du XIème siècle puisqu’il a été légué à l’Abbaye de Cluny en 1060. D'autres éléments datent probablement de cette époque comme l’abside "en cul de four", typique du style roman primitif.

 Il est probable que le transept date de l’époque clunisienne car à la croisée de ces transepts on distingue nettement le chœur monastique séparé de la nef par une « poutre de Gloire », équivalent du Jubé que l’on peut encore voir dans certaines églises romanes. Jusqu’en 1998, l’autel se situait dans l’abside, définissant le chœur ecclésiastique. Le clocher, à l’aplomb de la croisée des transepts, a été rehaussé au fil du temps. Les ouvertures de la nef ont été aussi améliorées, les églises romanes primitives étaient le plus souvent sombres et austères.

Autre élément rare et important cette église possède une « pièce refuge », construite probablement, soit au XIVème siècle pendant la Guerre de 100 ans sous la menace des Grandes Compagnies, soit au XVIème siècle, pendant les Guerres de Religion, pour se protéger du (terrible) Baron des Adrets.

Nous n’avons pas de certitudes sur la date de la surélévation, mais l’escalier à vis, très étroit, laisserait penser à une construction du XIVème siècle. Qu'est-ce qu'une pièce refuge ? Ici, à Frontenas, il s'agit d'une pièce située au-dessus des voûtes de la nef, sous les combles, qui permettait d'accueillir la population en cas de danger. Cette surélévation couvre toute la longueur de la nef, ce qui rend extérieurement cette église haute et étroite ! Sur la face sud, nous pouvons remarquer une série d’ouvertures destinées à éclairer naturellement cet espace refuge, alors que, sur la face ouest au-dessus du portail, on note la présence de deux archères défensives.

Lorsqu’un village dépendait du château-fort d’un seigneur local, les habitants avaient l’obligation de s’y réfugier (avec leur bétail). En l’absence de château, comme c’est le cas à Frontenas, et lorsqu’il y avait danger, les habitants, pour la plupart paysans, se réfugiaient dans l’église (les personnes dans la pièce refuge, le bétail dans la nef).

Autre marqueur de ces agrandissements successifs, la construction d'une sacristie attenante à l'église sur la face sud, ouverte sur le transept sud par une porte (sans doute de réemploi) typiquement XVème siècle. A noter que la construction du mobilier de cette sacristie cache une ancienne ouverture qui communiquait avec la nef.

Dernier élément patrimonial plus récent mais remarquable, le tastevin du coq du clocher, c’est-à-dire de la girouette !

Situé à la cime, ce coq tient en dessous de son barbillon un tastevin, typique de notre région, installé lors de la restauration du clocher réalisée en 1961.




 


L'ACCÈS AU CLOCHER :


L'accès au clocher de l'église de Frontenas s'effectue d'abord grâce à une tourelle d'accès située sur la partie Sud de l'édifice. Cette tourelle de section carré sur une partie puis cylindrique de l'autre, accolée à la façade sud de la nef nous permet d'accéder d'abord, grâce à un escalier en colimaçon, à la pièce refuge. Ensuite, une fois arrivé dans cette pièce, nous arrivons directement sur la voûte où nous marchons sur la cime pour rejoindre l'étage inférieur du clocher (juste au-dessus de la croisée romane).

Enfin, un escalier de meunier nous permet de pouvoir accéder à la chambre des cloches dans laquelle on découvre à mi-hauteur, un beffroi avec ses deux dames d'airain.



Façade de l'église avec tourelle d'accès sur la droite, au Sud de l'édifice.



 

L'HISTOIRE DE L'ENSEMBLE CAMANAIRE :


Peu de traces dans les archives nous indiquent depuis quand remonte la présence de cloches dans le clocher de Frontenas, mais celle-ci doit être ancienne.

Cependant, dans les registres paroissiaux, nous retrouvons un acte daté du 22 juin 1749 nous relatant la bénédiction solennelle de la "grande cloche". Ce grand évènement pour la paroisse de Frontenas accueillit des notables locaux comme cela est mentionné dont le parrain et la marraine de cette cloche.

Ces derniers étaient pour le parrain : "noble jean claude croppet de varissan docteur de la faculté de Sorbonne pretre et chamarier de l'église de st paul de lion et conseiller clerc en la cour des monnayes senechaussée et présidial dud lion", et pour la marraine : "Madame marie anne hesseler de bagnols épouse de noble jean baptiste louis croppet chevalier seigneur de varissan, irigny, la salle, saint martin et autres lieux" (transcription des écrits de l'acte de baptême de la cloche). Dans cet acte, un grand nombre personnalités du clergé local sont également citées et présentes pour cette grande célébration pour la paroisse de Frontenas.

Au XIXe, ce sera d'abord la fonte de la grande cloche qui interviendra en 1827 et réalisée par le fondeur Jean-Claude II BURDIN, installé à Lyon. Cette cloche est de qualité, de ce fait, la paroisse fut probablement très satisfaite de son achat, ce qui entraînât la confection du timbre à ce même fondeur, cinq années plus tard, en 1832 pour le compte de la commune afin de d'égrainer les heures ou toutes autres sonneries civiles.

Au XXème siècle, un évènement marquant viendra ponctuer la vie du patrimoine campanaire frontenassien. En effet, durant la séance du conseil municipal du 6 janvier 1966, un devis de la firme PACCARD, installée à ce moment à Annecy-le-Vieux, aujourd'hui faisant partie de la commune d'Annecy concernant la refonte d'une cloche (actuelle petite cloche), mais aussi pour la réfection de la deuxième cloche. Le montant du devis présenté est pour l'époque de 4669 francs. C'est donc à partir de cet évènement que l'autorité communale décide d'engager de lourds travaux pour son patrimoine campanaire et c'est donc à cette époque que la cloche n°2 sera refondue. De nos jours, de cette ancienne cloche, il ne reste seulement que le joug ainsi que l'ancien battant déposé dans l'étage inférieur du clocher, plus précisément sur la voûte.





D'autres éléments annexes sur la vie de l'ensemble campanaire de Frontenas nous laissent des traces au sein même du clocher. Des noms des sonneurs datés de 1966, probablement gravés dans la pierre pour la première sonnerie de la nouvelle cloche. Parmi ces noms, nous pouvons citer : Gérard GERANTET ; M. LAURENT ; M. CHARLES.

Parmi ces autres éléments nous pouvons relever différentes marques dans le beffroi telles que des signatures de charpentier, menuisier datés comme en 1836 par exemple avec une signature "C.C.". Le joug de la grande cloche est également d'origine puisque lui-même daté et signé de 1827.

Pour finir, le dernier élément n'est plus dans le clocher mais sert de décoration puisqu'il est aujourd'hui accroché sur le lavoir et supporte des jardinières pour le fleurissement estival. Il s'agit en réalité de l'ancienne roue en bois, probablement celle de la grande cloche. Une mise en valeur d'un tout autre style et fonction !




 

L'ENSEMBLE CAMPANAIRE ACTUEL :


L'ensemble campanaire actuel de l'église de Frontenas est composé de trois instruments d'airain. Deux cloches ainsi qu'un timbre le composent. Comme cela a été mentionné dans le chapitre précédent, il sera remanié à plusieurs reprises au gré de son histoire. Nous vous proposons de le découvrir de manière plus technique avec toutes les caractéristiques présentes dans le tableau ci-dessous :


Cloche n°

Nom(s)

Fondeur(s)

Lieu

Année

Diamètre (en centimètre)

Masse (en kilogramme)

Note

Inscriptions

Ornementations


1

Non connu (NC)

Jean-Claude II BURDIN

Lyon (Métropole de Lyon)

1827

114

865 (masse inscrite) 880 (masse calculée)*

Mi3

"JE PAISE 865 J'AI ETE ACHETEE DES DONS VOLONTAIRES FAIS PAR LES HABITANTS COMMUNE DE FRONTENAS LAN 1827 MON PARRAIN EST M. ANDRE BROSSETTE LE MAIRE DE LA DITE COMMUNE MA MARRAINE EST MARIE JEREMIE BROSSETTE AGEE DE 11 ANS FILLE DU MAIRE M. CORNILLON CURÉ (Relevés faits par Mme Claude GRANGE qui seront à corriger/compléter lors de l'inventaire).

Christ en croix sur petit piédestal ; second décor à déchifrer lors de l'inventaire.


2

Non connu (NC)

PACCARD

Annecy-le-Vieux (Commune d'Annecy) (Département de la Haute-Savoie)

1966

89,5

440 (masse calculée)*

La3

PARRAIN NOBLE JEAN CLAUDE CROPPET DE VARISSAN CHAMARIER DE SAINT-PAUL CONSEILLEREN COUR DES MONNAIES SENECHAUSSEE MARRAINE DAME MADAME MARIE-ANNE HESSELER DE MARZE EPOUSE DE NOBLE JEAN-BAPTISTE LOUIS CROPPET PRESIDIAL DE LYON CHEVALIER SEIGNEUR DE VARISSAN IRIGNY LA SALLE SAINTMARTIN ETC MESSIRE PIERRE VIAL CURE 1749 REFONDUE EN 1966 BE NITE RAMEAUX 1966.                (Relevés faits par Mme Claude GRANGE qui seront à corriger/compléter lors de l'inventaire).

Cartouche avec christ en croix ; Ensemble de médaillons "coquille Saint-Jacques" en frise


Timbre

Non connu (NC)

Jean-Claude II BURDIN

Lyon (Métropole de Lyon)

1832

Non connu (NC)

Non connu (NC)

Sib

"DON DES HABITANS DE LA COMMUNE DE FRONTONAS AN 1832 RIVIERE MAIRE BOULLIOUD ADJOINT BURDIN AINÉ FONDEUR A LYON"



  • (*) Masse calculée avec une formule comprenant une marge d'erreur d'environ 3%.



 

L'ENSEMBLE HORLOGER :


Comme la plupart des communes, celle de Frontenas a décidée dans le courant du XIXe siècle de se doter d'une horloge publique pour donner aux habitants un rythme de vie plus précis. Nous pouvons penser que l'achat d'un timbre communal placé sur la façade de l'église en 1832 a été de concert avec l'achat d'une horloge pour cet édifice.

Cependant, en observant le mécanisme qui avait été démonté autrefois avec peu de soin et laissé en débris sur les voutes de l'église dans la pièce refuge, nous remarquons que celui-ci est postérieur à la date citée précédemment. En effet, suite à une identification en l'état, nous en avons déduis que cette horloge d'édifice date de la seconde moitié du XIXe siècle. Il s'agit d'une fabrication de type jurassienne, probablement effectuée par la maison BAILLY-COMTE (MOREZ-MORBIER, Jura (39)) ou bien la maison CRETIN-L'ANGE (MORBIER, Jura (39)). Deux anciens cadrans signés "DUBOST AU BOIS-D'OINGT", également déposés dans la pièce refuge nous renseignent sur le fournisseur de l'horloge pour la commune de Frontenas, qui, comme de nombreux horlogers-revendeurs de l'époque, signaient de leurs noms pour les horloges qu'ils installaient.

Dans les années 50, un autre élément horloger viendra trouver sa place en l'église de Frontenas, pourrais-t-on dire, révolutionnaire ! En effet jusque là, la sonnerie des cloches était manuelle et la sonnerie horaire effectuée par l'horloge mécanique remontée chaque semaine. C'est une pendule installée par la firme BRILLIÉ, dont un atelier était installé à Montbrison dans la Loire. C'est cette dernière qui installa un système qui a permis d'électrifier l'horloge située en façade, mais aussi la sonnerie horaire de l'édifice. Une horloge mère à balancier fonctionnant grâce à une batterie spéciale permettait de faire avancer les aiguilles changées pour l'occasion grâce à un moteur dit "réceptrice en demi minute inversée" pour ce type d'installation spécifique. Plus besoin d'horlogers chaque semaine pour remonter le mécanisme !




 

LE TABLEAU DE COMMANDES :


La centrale de commande qui contrôle le dispositif horloger et campanaire de l'église de Frontenas est le modèle "BTE6" de la maison "BODET" basée à Trémentines dans le Maine-et-Loire (49), avec une agence sur notre territoire, installée à Saint-Priest (69).


 

LA VIDÉO :



 

REMERCIEMENTS :


  • M. Thomas DUPERRIER, maire de Frontenas ainsi que l'ensemble du conseil municipal de Frontenas pour leur aimable autorisation.

  • M. Dave DUFRENE, second adjoint au maire de Frontenas en charge de l'urbanisme, des bâtiments communaux ainsi que des travaux pour la transmission de notre requête auprès des instances dédiées.

  • M. Jean DUPERRIER, membre de la commission histoire de Frontenas pour son accueil chaleureux, sa disponibilité et la visite de l'église, du clocher, la rédaction des articles concernant la commune et l'église de Frontenas pour notre site.

  • Dr. Gérald LARZILLIERE, membre de la commission histoire de Frontenas pour la rédaction des articles concernant la commune et l'église de Frontenas pour la publication sur notre site.

  • Mes collègues et amis : Claude-Michaël MEVS (Quasimodo Sonneur de Cloches) ; Dominique FATTON (Valdom 68) ; Paul-Élie ROSE (Les Cloches Iséroises) ; Aurélien SURUGUES ; Quentin COUTURIER (Les Cloches Pontrambertoises) ; Kévin CHAUT (Les Cloches Ligériennes) et Oscar MAJOREL (Les Cloches du Rhône) qui ont grandement contribué à la réalisation de cet article et de cette présentation vidéo.

  • Toutes les personnes présentent lors de la visite de l'église et du clocher de Frontenas.


 

NOS SOURCES :


  • Wikipédia et GénéaWiki.

  • Archives communales du département du Rhône - Commune de Frontenas.

  • Archives départementales du département du Rhône et de la Métropole de Lyon.

  • Commission Histoire de Frontenas.

  • Nos relevés (inventaires) sur sites.

  • Nos fonds privés.


 

LES LIENS :




Commune de Frontenas - Les Cloches Rhodaniennes-Lyonnaises, tous droits réservés.

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