Mornant, petite ville située dans le département du Rhône, plus précisément au Sud des Monts du Lyonnais compte aujourd'hui pas moins de 6'000 habitants (6'050, dernier recensement de l'INSEE, en 2018 et environ 6'200 en 2020). À une trentaine de kilomètres de Lyon en plein cœur de l'Ouest Lyonnais, Mornant jouit d'un cadre de vie très agréable avec un patrimoine historique très important ! En effet, Mornant est une ville très ancienne, elle serait habité depuis le temps des Gaulois comme en témoignent certains édifices. Lors du règne d'Hadrien, les Romains ont construit un aqueduc qui démarrait sa course dans la rivière du Gier à Saint-Chamond (Loire F-42) pour se terminer à Lyon (Métropole de Lyon F-69) (Lugdunum à l'époque). Il servait comme vous l'avez compris à alimenter la ville de Lyon en eau, et sur la commune de Mornant, plusieurs vestiges dont le plus connu et aussi le plus important nommé "Le pont sur le Mornantet", se trouve au sud du village. C'est également le seul à être classé Monuments Historiques. On retrouve deux autres édifices, moins important mais tout aussi intéressants nommés, "Le pont de Corsenat" ainsi que "Le pont de la Condamine". Certaines personnes pensent même que le site de Mornant est encore plus ancien, car un vestige du Mégalithique se trouve dans un champ de la commune, ceci pourrait dater de -3000 avant J.C mais les spécialistes doutent du fait que ce serait un dolmen. Ensuite, après des invasions barbares, les Burgondes habitent la région. Plus tard, une abbaye a été construite sur le secteur de Monteclare, mais sera détruite en 855 de notre ère lors des guerres qui opposèrent les héritiers de Charlemagne. Apparemment, un document du Xème siècle nous indique comme quoi le bourg était fortifié par une enceinte construite avec les pierres de l'abbaye, jadis détruite. La forme du centre (bourg) historique en forme d'ovale ou de cercle, la disposition des habitations autour de l'église, les ruelles étroites rappellent le tracé de cette enceinte fortifiée. Un château se trouvait également proche de l'église au Nord-Ouest, fut détruit dans les années 1910. Des vestiges de ce château et des fortifications sont encore visibles à différents endroits comme la "tour du Vingtain", qui est un donjon de forme carré en pierres renforcés avec des chaînes d'angle. On retrouve également un pan de rempart, construit avec des moellons, renforcé comme la "tour du Vingtain" par une chaîne d'angle harpée. Il se trouve à l'angle des rues "des Fossés" et "Carémi".
La Tour du Vingtain, dans le centre historique.
Dans le bourg, il faut noter la présence d'habitations très anciennes, en effet on retrouve des habitations qui remontent au XVème siècle, celles-ci témoignent (en autre) du riche passé historique de la commune de Mornant. Une église fut construite au XVème et agrandie au XIXème siècle. Le 6 Avril 1362, les Mornantais partirent au secours de Jacques 1er DE BOURBON à la bataille de Brignais. Ils arrivèrent sur la bataille "Fifres en tête" et c'est de là que le surnom "Fifres" a été donné aux Mornantais, de plus on retrouve sur les armoiries de la commune "deux fifres d'or en sautoir" ainsi que dans la devise: "Fifres nous sommes, fifres nous resterons". Au XVIème siècle, le poète Pierre DE RONSARD fait parti des prieurs de la ville. En 1596, Henri IV, a créé trois foires annuelles ainsi qu'un marché, ce qui donna à la commune, le titre de ville. Dans la moitié du XIXème siècle, Mornant connaîtra une sorte d'apogée alors que la ville comptait environ 2500 habitants à cette époque. L'industrie du tissage (canuts), du velours mais également celle de la chapellerie. La moitié de la population de Mornant, à l'époque, travaillait dans cette industrie, l'autre moitié travaillant dans l'agriculture avec notamment la vigne qui occupe un peu plus de 400 hectares. C'est en 1861 que l'hôtel-de-ville actuel est inauguré, il a été construit en limite du bourg historique. Dans les années 1880, avec l'invasion du phylloxéra qui a malheureusement détruit quasiment tout le vignoble, la vigne disparait peu à peu. À la fin du XIXème siècle, l'industrie locale a disparue au profit de la grande industrie... Lors de la Première Guerre mondiale, d'importantes répercutions ont eu lieues sur la population, surtout chez les jeunes. En 1920, il ne reste plus 1614 habitants sur la commune. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des combats ont eu lieu au Pont-Rompu qui opposèrent des résistants à l'occupant nazi, le 30 Août 1944. Depuis la fin de la guerre, la commune a pris un nouvel essor, ceci se voit nettement par la hausse d'habitants passant de 1'646 en 1946 à 6'050 en 2018.
Diverses photos de l'église Saint-Pierre de Mornant.
L'Eglise :
Dès le VIème siècle, on retrouve un lieu de culte sur la commune de Mornant. Même si l'église actuelle a quand même un certain âge, elle fait place à certains édifices plus anciens. L'église Saint-Pierre, c'est comme cela qu'elle se nomme, date pour sa plus ancienne partie du fin XVème siècle, début XVIème, il s'agit du chœur ainsi que des premières travées construites à cette époque. Le clocher, lui, daterait du XVIIIème siècle, plus précisément de 1778 comme en témoigne une inscription dans la pierre. Un agrandissement a eu lieu au XIXème réalisé par l'architecte Antoine CHENEVARD de 1846 à 1848, et c'est à cette époque qu'on ajoute les dernières travées et une partie du mobilier de l'église ainsi qu'un embellissement de l'église. Dès 1847, on termine les tribunes, le dallage ainsi que les sacristies, qui n'étaient pas prévues dans le plan initial. L'année 1848 sera consacrée à crépir les murs et à ornementer l'édifice. Plus tard, on pensa à installer des vitraux, c'est en 1851 que seront exécutées les verrières par les verreries "Maréchal de Metz". C'est qu'en 1854 que seront installées les boiseries du chœur (les stalles), faite en chêne du Rhin et taillé par Bernard MAILLARD, ébéniste à Lyon. Elles sont l'œuvre du célèbre architecte Pierre BOSSAN (l'architecte de la Basilique de Fourvière), ce qui en vaudra le classement le 3 Septembre 1979. La dernière partie des grands travaux de cette église, fut également en 1854, la pose des boiseries de la chapelle Saint-Pierre, les escaliers et les tribunes au-dessus du portail ont été réalisées aux ciseaux par deux enfants du "pays", Zacharie et Condamin. La pierre utilisée pour sa construction est celle de "Tournus", elle est de style ogival, c'est-à-dire, de style gothique. Sur la façade, on retrouve le portail, qui est du XVème siècle et juste au-dessus, la Rosace des Pénitents. Sur un des pilastres on peut voir "le Carémi", figure médiévale et grotesque taillée dans la pierre (granit). Elle semble représenter Saint-Christophe portant l'Enfant Jésus sur son dos. Le mot "Carémi" vient du mot Carême. Il parait qu'à l'époque les enfants célébraient la fin du Carême en lançant des pierres sur la tête de "Carémi", dont ils faisaient ensuite brûler l'effigie, montrant ainsi que Carême était mort. Anecdote plutôt cocasse ! Derrière cette façade, à l'intérieur de l'église, on retrouve une tribune installée en 1854 par les enfants du "pays" comme cela avait été dit précédemment, celle-ci se nomme la tribune des Pénitents, elles leur servaient à chanter d'y chanter l'office. L'église est entièrement classée monuments historiques depuis le 18 Février 1926.
Vitraux du chœur de l'église.
L'accès au clocher :
On accède au clocher par le transept côté sud (sous le clocher), dans ce transept, une petite porte mène à la tourelle d'accès accolée à celui-ci. Dans cette tourelle, on retrouve un bel escalier en colimaçon, fait en pierre. On arrive au premier étage, d'un côté, nous avons une salle sous la chambre des cloches, et de l'autre, une galerie (au-dessus des bas-côtés). Dans cette galerie, on peut voir l'ancien mécanisme du clocher de l'église de Mornant, celui-ci à été fabriqué par la fabrique d'horloges monumentales "Arsène CRETIN-L'ANGE" à Morbier dans le Jura (F-39). Il a été fourni par la maison CHARVET (Louis) et LABROSSE (Léon) (son successeur), qui sont les horlogers officiels de la ville de Lyon. Cette horloge datée de 1904, a été offerte par la paroisse de Mornant à l'archiprêtre de la paroisse lors de ces noces sacerdotales. Cette horloge est composée de trois corps de rouages, une partie, pour la sonnerie des quarts, une autre pour la sonnerie des heures, et la dernière pour le fonctionnement du mouvement, elle fut restaurée par les établissements DESMARQUEST de Lyon, campanistes et horlogers, il y a quelques années. Pour accéder à la chambre des cloches, il faut gravir le petit escalier dans la salle sous celle-ci et là, nous arrivons à l'étage des cloches.
Diverses photo de l'horloge mécanique de Mornant.
Les Cloches :
Avant la Révolution Française de 1789, on note la présence de quatre cloches dans le clocher, mais celle-ci est bien passée par là... Seule la grosse cloche (datée de 1516) actuelle restera dans le clocher pour sonner les divers offices, tocsins, etc... Les trois autres furent descendues à cette date. Sur un coin du beffroi, on trouve la date de 1778, ce qui renforce l'hypothèse que le clocher a été vraiment construit en cette année-là. En 1880, le 20 Juillet, plus précisément, seront bénies les trois nouvelles cloches, fondues par le fondeur Ferdinand BURDIN (quatrième génération) de Lyon, qui venait de reprendre l'entreprise de son père ainsi que de ses ancêtres, quelques mois auparavant. Ces trois dames de bronze, bénites par le chanoine de la Primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Etienne de Lyon, sont pour deux d'entre-elles, le fruit de donateurs/libéralités anonymes. La troisième fut offerte par la société Notre-Dame du Confalon, qui est dits des "Pénitents Blancs". Entre 1789 et 1880, une cloche serait arrivée à Mornant par un passé mystérieux, les personnes ou la tradition orale du "pays" racontent que cette cloche, grâce aux troupes napoléoniennes qui remontaient d'Espagne. Ils ramenèrent avec eux un important et lourd butin ! Suite à la rupture d'un essieu, ils auraient abandonné un chariot sur lequel se trouvait une cloche ! Cela tombe bien ! Les Mornantais voulant réparer "les dommages" sur leurs cloches pendant la Révolution de 1789, la récupérèrent pour la mettre dans leur clocher, d'où son nom de "cloche Espagnole" ! Une fort belle anecdote ! Pour en revenir à un contexte plus rationnel, les troupes napoléoniennes quittèrent bien l'Espagne, vers 1814 en passant par Toulouse. La route n°106 qui relie Toulouse et Lyon était très "passagère" pour l'époque, elle passe sur la commune de Mornant au lieu-dit du "Pont-Rompu". Ils seraient passés par ici et par conséquent, ce serait pour cela que nous retrouvons une cloche comme ceci ici. Datée de 1462, ils s'agit donc d'une cloche gothique et elle est classée "Monuments Historiques" comme toutes les autres cloches du clocher de l'église.
Passons désormais à la grosse cloche de cet ensemble campanaire qui est également forte intéressante puisqu'elle est également une cloche historique comme la "Cloche Espagnole", c'est-à-dire qu'elle date d'avant la Révolution française de 1789. Celle-ci date du XVIème siècle, plus précisément de 1516, ce qui lui fait déjà un bel âge (plus de 500 ans) ! Elle aurait été installée lors des travaux ou de la construction de certaines parties de l'église actuelle au XVIème siècle, les inscriptions sont donc en gothique, sur son flanc est inscrit une formule assez couramment reproduite sur les cloches de cet âge: "Christus Vincit, Christus Regnat, Christus Imperat. Christus ab omni malo nos defendat”. Elle porte également la mention: "Sancta Petre, Ora Pro Nobis".
La dernière cloche où nous allons nous pencher sur ce petit descriptif est la plus récente ! Ici, à Mornant, en 1999, une cloche naîtra le 23 Juin de cette même année dans les ateliers de la fonderie BOLLEE (Dominique) de Saint-Jean-de-Braye (proche d'Orléans). Le projet de fondre une cloche pour le nouveau millénaire vient d'une idée de la présidente des "amis des arts", Mme CAMPIGLI Monique, il fut conduit par M. MEYER Alain, président de la "maison de pays" de Mornant. Cette cloche fut fondue, déjà pour commémorer ce nouveau millénaire, mais également de conserver la "Cloche Espagnole" de 1462. Il faut également noter que cette que le projet de cette cloche fut le fruit d'une souscription populaire dont un grand nombre de Mornantais ont participés mais pas que ! Sur celle-ci, on peut lire les inscriptions: on retrouve les noms du parrain et de la marraine, du curé mais aussi d'une phrase: "Je suis une messagère d’amour et de paix pour l’an 2000". Le parrain de cette cloche est M. Guy PALLUY, Maire de Mornant pour les mandats de 1995 à 2008, et la marraine Mme Monique CAMPIGLI, initiatrice du projet. Pour finir, elle sera baptisée en l'église Saint-Pierre de Mornant, le 11 Septembre 1999 par Marie-Louis BILLE, archevêque et Primat des Gaules, de l'archidiocèse de Lyon de 1998 à 2002.
Cloche n° | Nom(s) | Fondeur(s) | Année | Diamètre (en centimètre) | Masse (en kilogramme) | Note |
1 | Inconnu | Inconnu | 1516 | 112 | ≃ 850 | Fa3 |
2 | Inconnu | Ferdinand BURDIN (Burdin Ainé, fondeur à Lyon) | 1880 | 98, 7 | ≃ 550 | Sol3 |
3 | "Pierre ou "Cloche de l'an 2000" | Dominique BOLLEE (Bollée, maître fondeur à Orléans) | 1999 (23 juin) | 89 | ≃ 450 | La3 |
4 | Inconnu | Ferdinand BURDIN (Burdin Ainé, fondeur à Lyon) | 1880 | 82, 5 | ≃ 350 | Si♭3 |
5 | Inconnu | Ferdinand BURDIN (Burdin Ainé, fondeur à Lyon) | 1880 | 73, 2 | ≃ 250 | Do4 |
6 (fixe) | "Cloche espagnole" | Inconnu | 1462 | 89, 6 | ≃ 450 | La3 |
Description technique des cloches actuelles.
Photos des différentes de l'église, (de cloche n°1 en haut à gauche à cloche n°6 en bas à droite).
Les "Carillonneurs" (Sonneurs) de Mornant:
Avec les cinq cloches du clocher (dès 1880), les Mornantais peuvent entendre un répertoire plus varié qu'avec deux cloches malgré que ce soit quand limité dans les possibilités. M. Jean-Marie MONTMAIN (né en 1873) a été carillonneur à Mornant de 1900 à 1955. Par la suite, dès 1955, M. Jean TEILLARD deviendra carillonneur de l'église jusqu'en 1974. Ils sonneront tous les jours, les différentes sonneries, comme l'angélus, le matin à 6h, le midi à 12h et le soir à 19h mais aussi les offices comme les simples messes ou alors dans des circonstances un peu plus tristes, le glas pour les enterrements. Ils carillonnaient les mariages mais également les baptêmes où ils sonnaient des airs différents selon les filles ou les garçons. Pour les filles, c'était l'air "Catherine était fille du roi" et pour les garçons "Le bon roi Dagobert".
Tableau de commandes des cloches:
Lors de notre visite en Août 2020, l'automate qui commandait les cloches était un "Apollo II" (voir photo ci-dessous) de la société "Clock-o-Matic" installé il y a plus de 20 ans. Il a rendu l'âme en ce début d'année 2021. Depuis, un automate du nom de "Chronopad" fabriqué par la société "Mamias" a été posé dans la sacristie.
Ancien tableau "Apollo II" pour la sonnerie des cloches de l'église de Mornant.
La présentation vidéo :
Nous adressons tous nos remerciements à :
M. Renaud PFEFFER, Maire de Mornant ainsi que l'ensemble de la municipalité.
M. Alain DUTEL, Conseiller Délégué au Patrimoine et Monuments Historiques pour son accueil chaleureux ainsi que sa disponibilité.
Père Charles-Henri BODIN, Prêtre des Paroisses Catholiques en Pays Mornantais pour avoir été présent pendant la visite.
Les Amis du Vieux Mornant, pour la photo ancienne de la "Cloche Espagnole" dans la présentation vidéo.
Mes chers collègues, Claude-Michaël MEVS (Quasimodo Sonneur de Cloches), Antoine CORDOBA (Les Cloches Savoyardes), Dominique FATTON (Valdom 68), Paul-Elie ROSE (Les Cloches Iséroises) et Aurélien SURUGUES, pour l'aide apportée pour la réalisation de cette présentation vidéo.
Nos sources :
Wikipédia et GénéaWiki.
Le site de la Ville de Mornant.
Les amis du Vieux Mornant.
Cloches en pays Mornantais.
Nos inventaires personnels.
Nos fonds privés.
Les liens :
Commune de Mornant // Les Cloches Rhodaniennes-Lyonnaises, tous droits réservés.
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